« Notes en bas de page » de Sylvain Couzinet-Jacques

sylvain_couzinet_jacques_la_galerie_particuliere_2368« The Near, the low, the common ». Sylvain Couzinet-Jacques à La Galerie Particulière

La Galerie Particulière présente actuellement la première exposition personnelle de Sylvain Couzinet-Jacques. Deux séries issues de « Footnotes »  réalisées en 2012 au Texas, et Standards & Poors sur la crise immobilière espagnole ( 2013-14). Formé à l’Ecole de photographie d’Arles, Sylvain Couzinet-Jacques propose une approche de la photographie qui n’est pas sans rappeler les images instagramées qu’on peut trouver sur les réseaux sociaux. Mais à la différence de ces images amateur, celles de Sylvain Couzinet-Jacques constituent une véritable lecture des faits qu’il propose, tout en intégrant ce changement de parallaxe. Ces « Notes en bas de pages » sont ainsi éminemment littéraires, car elles racontent chacune une histoire, tels des chapîtres reliés entre eux.

Sylvain Couzinet-Jacques joue ainsi avec les limites de la photographie : seuils de visibilité, images voilées par des verres teintés qui rappellent les lunettes de soleil, surexposées ou sous-exposées jusqu’à rendre le motif représenté presque invisible. Maltraitées, ces représentations renvoient aux événements subis par les propriétaires de ces maisons abandonnées, réduits à n’être qu’une note en bas de page dans la marche furieuse du monde.

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Couleurs comme passées au filtre Instagram pour une réalité colorée années 70, imagerie palmiers d’un paradis perdu tie and dye ; ne restent que les couleurs pour embellir un réel en voie de disparition.

Regarder une photographie de Sylvain Couzinet-Jacques demande un effort au spectateur. Il faut l’observer longtemps pour qu’au-delà du brouillard de sable, apparaisse lentement une image fantôme comme prise dans le bain d’un révélateur. Ainsi ce pick-up blanc en voie d’effacement, mangé par ce qui l’entoure: la rapacité des banques, sa propre obsolescence programmée, le rêve de celui qui le possède ou l’a possédé, dans un passé flottant enfoui dans le surendettement. Nous sommes sommés de réfléchir avant de nous laisser porter par la poésie de ces tirages qui semblent brulés par le soleil ou envahis par les couleurs du temps.

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La voiture est-elle abandonnée ? On ne le saura pas, mais on pourra s’interroger longtemps après avoir vu ces images-traces, à mi-chemin entre poésie et documentaire, esthétique et maîtrise technique, au propos artistique affirmé, portées par un regard littéraire sur le monde qui nous entoure.

Danièle Pétrès

La Galerie Particulière, exposition jusqu’au 29 septembre 201416 Rue du Perche, 75003 Paris
T : 01 48 74 28 40

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