« Au carré », Tania Ceija

Au carré

 

Toutes mes nuits sont carrées

ou presque

J’ai un ring de 140 x 200

l’adversaire a mes yeux verts

Mon adversaire danse comme moi

et même K.O. je ne perds pas

 

Et toi mon soigneur

tu refuses de jeter l’éponge

tu me prends au menton

tu me parles aux yeux

tu me relances vers les cordes

et toutes les nuits je me bats

 

Tu m’essuies le visage

tu t’occupes de mon protège-dents

Toutes mes nuits sont carrées

 

Et les rounds suivent d’autres rounds

Tu pourrais prendre un coup perdu

lâcher l’affaire

Je pourrais raccrocher les gants

déclarer forfait

 

Au lieu de quoi

je me tourne et je pivote

toutes les nuits

 

Toutes les nuits

sans baisser la garde

je guette le début du monde

je guette le dernier gong