Le Fantôme de Suzuko, Vincent Brault (Héliotrope), par Pierre Ahnne

Pierre Ahnne est écrivain et a créé un blog littéraire sur lequel il partage chaque semaine ses lectures. Il réalise également des retours sur les manuscrits qui lui sont confiés par Aleph-Écriture dans le cadre des lectures-diagnostics. Il partage régulièrement certains de ses articles sur L’Inventoire.

La maison d’édition montréalaise Héliotrope, fondée en 2006, compte à partir de 2024 « se déployer » en France et dans toute l’Europe. Elle publie une douzaine de titres par an, essentiellement des romans – « dans l’acception la plus ouverte de ce genre composite », précisent prudemment et intelligemment les éditrices. Lesquelles proposent, pour inaugurer leurs activités de ce côté-ci de l’Atlantique, un roman court (c’est déjà un point positif), le troisième de son auteur.

Le titre ne ruse pas : c’est bien une histoire de fantômes, et de fantômes japonais. Le narrateur, qui, comme l’auteur, s’appelle Vincent et écrit, revient à Tokyo, qu’il connaît bien : il y a vécu avec Suzuko, performeuse dont on sait dès le début qu’elle est morte dans un accident. Vincent retrouve ses amis, qui appartiennent tous au monde de l’art. Il habite l’ancien appartement de la défunte, arpente la ville, où il croit l’apercevoir à tous les coins de rues, comme il croit ressentir des tremblements de terre que personne d’autre ne remarque. La nuit, il s’assied devant son ordinateur et laisse ses doigts courir « sur le clavier comme sur les touches d’un synthétiseur » (« Ce que j’écris s’écrit tout seul »).

LIRE LA SUITE